[FR] Avec leurs terroirs uniques au monde et une histoire mouvementée, les productions viti-vinicoles de l’Alsace et de la Rhénanie-Palatinat se sont mutuellement influencées tout au long de l’histoire. Entre terroirs communs et influences mutuelles, retour sur une histoire riche et une coopération transfrontalière – parfois imposée, parfois choisie.
Une histoire mouvementée
Comme dans toute l’Europe, ce sont les Romains qui ont les premiers développés la culture de la vigne le long de la Moselle et du Rhin. Mais c’est sous l’influence de Charlemagne, au 9ème siècle, que les bases de la viticulture allemande et alsacienne ont été consolidées avec une codification des cépages à planter, des terroirs à développer, et la protection des vignerons par la loi.
Après des changements de nationalité fréquents de l’Alsace et des guerres mondiales qui ont étouffé le marché, la viticulture a enfin repris ses droits dans les années 1950. Elle a été portée par l’industrialisation, la mécanisation et les nouvelles techniques de vinification. Vous l’aurez compris : le vin d’Alsace a été très influencé par les changements répétés de nationalité.
Une influence mutuelle
Déjà au début de l’histoire industrielle viticole d’Alsace, les vins étaient commercialisés en commun avec les vins allemands, grâce à la présence du Rhin qui fournissait un axe de transport idéal. Cependant, après la seconde guerre mondiale, les styles des vins d’Alsace et d’Allemagne ont été longtemps différents. Les vins alsaciens étaient complètement fermentés et secs – car destinés à l’accord avec les mets-, alors que les vins allemands étaient plus moelleux. Cette différence tend à s’estomper depuis les dernières décennies : les vins allemands sont devenus à leur tour plus secs et corsés, lorsque les Alsaciens ont repris notamment la production de vendanges tardives et de vins de dessert.
Une spécificité de la région alsacienne : certaines vignes, notamment à Wissembourg, appartiennent à des vignerons allemands qui les ont achetées lors de l’annexion de 1871.
L’influence allemande a entraîné la mise en place d’une viticulture très différente en Alsace de celle des autres régions françaises. La région a été précurseur, dès les années 60 dans les domaines de l’agriculture biologique et de la biodynamie, ce qui la rend remarquable par les cépages utilisés et les méthodes de production. Plus de la moitié des domaines sont certifiés par des organismes majeurs, et ce nombre est en constante augmentation.
Un terroir commun mais des différences dans la production
C’est le climat qui définit en premier lieu le style général d’un type de vin. Les vins d’Alsace et d’Allemagne suivent le modèle du vin Rhénan : des vins blancs, secs, vifs, aromatiques, avec quelques raretés moelleuses. Cela dit, les méthodes de production diffèrent toujours dans les deux pays : la production du vin blanc allemand est bien souvent issue d’une refonte des structures viti-vinicoles au service de la qualité du vin, alors que les producteurs alsaciens suivent souvent une organisation paysanne dans laquelle le viticulteur prend en charge chaque étape du processus : de la viticulture à la mise en bouteille.
L’extrême diversité des sols, sous-sols et micro-climats a conduit les viticulteurs alsaciens à conserver une large palette de cépages, privilégiant la biodiversité végétale et offrant pour chacun des cépages leurs conditions d’expression optimale. Une tradition qui s’appuie sur sept cépages principaux qui transmettent les nuances de terroirs.
Le vignoble « Palatinat » présente quant à lui un atout de taille : il est devenu le pays du riesling numéro 1 dont la surface cultivée continue de s’étendre. La région réunit elle aussi d’excellentes conditions pour créer des vins de type riesling, pinots blancs et gris, et pinot noir. D’ailleurs, six des treize zones de viticulture allemandes se trouvent dans cette région.
L’influence mutuelle entre l’Alsace et la Rhénanie-Palatinat est indéniable, et dans un contexte européen favorisant la collaboration, il y a fort à parier que ces deux régions viticoles vont continuer à se faire évoluer mutuellement au fil des prochaines décennies.
[DE] Rheinischer Wein: Eine deutsch-französische Geschichte
Mit ihren weltweit einzigartigen Terroirs und einer ereignisreichen Geschichte haben sich die Weinproduktionen des Elsass und des Rheinland-Pfalz im Laufe der Jahrhunderte gegenseitig beeinflusst. Zwischen gemeinsamen Terroirs und gegenseitigen Einflüssen, bieten wir eine Übersicht über eine grenzüberschreitende Zusammenarbeit – manchmal aufgezwungen und manchmal gewollt.
Eine ereignisreiche Geschichte
Wie in ganz Europa, haben die Römer zuerst den Weinbau entlang der Mosel und des Rheins entwickelt. Karl der Große hat im 9. Jahrhundert die Grundlagen des deutschen und elsässischen Weinbaus gefestigt, durch eine Kodifizierung der zu pflanzenden Rebsorten, des zu entwickelden Terroirs und dem gesetzlichen Schutz der Winzer.
Nach häufigen Nationalitätswechseln im Elsass und den Weltkriegen, die den Markt erstickten, erlangte der Weinbau in den 1950er Jahren endlich seine Rechte zurück. Er wurde durch Industrialisierung, Mechanisierung und neue Weinbereitungstechniken vorangetrieben. Die Elsässischen Weine wurden also stark von den wiederholten Nationalitätswechseln beeinflusst.
Der gegenseitige Einfluss
Bereits zu Beginn der industriellen Weingeschichte des Elsass wurden Weine zusammen mit deutschen Weinen vermarktet, dank des Rheins, der eine ideale Transportachse darstellte. Nach dem Zweiten Weltkrieg waren die Weine aus dem Elsass und Deutschland jedoch lange Zeit unterschiedlich. Elsässische Weine waren vollständig fermentiert und trocken – weil sie zum Essen passen sollten – während deutsche Weine lieblicher waren. Dieser Unterschied hat in den letzten Jahrzehnten tendenziell nachgelassen: Deutsche Weine sind wiederum trockener und voller geworden, wobei die Elsässer insbesondere die Produktion von « Vendange Tardive » und Dessertweinen wieder aufgenommen haben.
Eine Besonderheit der elsässischen Region: Bestimmte Reben, insbesondere in Wissembourg, gehören deutschen Winzern, die sie während der Annexion von 1871 gekauft haben.
Der deutsche Einfluss führte zur Gründung eines Weinbaus im Elsass, der sich stark von dem anderer französischer Regionen unterscheidet. Die Region ist seit den 1960er Jahren ein Pionier auf dem Gebiet des ökologischen Landbaus und der Biodynamik, was sie für die verwendeten Rebsorten und die Produktionsmethoden bemerkenswert macht. Mehr als die Hälfte der Gebiete ist von großen Organisationen zertifiziert und diese Zahl nimmt ständig zu.
Ein gemeinsames Terroir, aber Unterschiede in der Produktion
Es ist das Klima, das in erster Linie den allgemeinen Stil einer Weinsorte definiert. Die Weine des Elsass und Deutschlands folgen dem Modell des Rheinweins: Weißweine, trocken, lebhaft, aromatisch, mit einigen milden Raritäten. Trotzdem unterscheiden sich die Produktionsmethoden in beiden Ländern immer noch. Die Produktion von deutschem Weißwein ist sehr oft das Ergebnis einer Überarbeitung der Weinbaustrukturen im Dienste der Weinqualität, während die elsässischen Produzenten häufig einer Organisation folgen, in folgen welcher der Winzer jeden Schritt des Prozesses übernimmt, vom Weinbau bis zur Abfüllung.
Die extreme Vielfalt der Böden, Untergründe und Mikroklimata hat die elsässischen Winzer dazu veranlasst, eine breite Palette von Rebsorten zu erhalten, die Artenvielfalt der Pflanzen zu fördern und für jede Traube ihre optimalen Ausdrucksbedingungen anzubieten. Eine Tradition, die auf sieben Haupttraubensorten basiert, die die Nuancen der Terroirs vermitteln.
Die Pfalz ist zum Land des Rieslings Nr. 1 geworden, deren Anbaufläche weiter wächst. Die Region vereint auch hervorragende Bedingungen für die Herstellung von Weinen vom Typ Weißburgunder, Pinot Gris sowie Pinot Noir. Tatsächlich befinden sich sechs der dreizehn deutschen Weinanbaugebiete in dieser Region.
Die gegenseitige Beeinflussung zwischen dem Elsass und Rheinland-Pfalz ist unbestreitbar in einem europäischen Kontext, der die Zusammenarbeit begünstigt. Es ist sicher, dass sich diese beiden Weinregionen in den kommenden Jahrzehnten gegenseitig weiterentwickeln werden.